ترجمات أدبية
أنطونان أرطو: لا أصدّق كلمات القصائد
بقلم: أنطونان أرطو
ترجمة: عبد الوهاب البراهمي
***
لا أصدّق كلمات القصائد
إذ لا تثير شيئا
و لا تحدث شيئا
فيما مضى وجدت قصائد تدفع بالمحارب يخرق وجهه
لكن مَخْرُوقَ الوجه
يكون المحارب قد مات
وما الذي بقي من مجده هو؟
أعني من عبوره
لاشيء
لقد مات.
يصلح هذا للتربية في فصول الأغبياء وأبناء الأغبياء الذين
يأتون من بعده وقد صُرِفوا إلى حروب جديدة
منظّمة ذريّا
أعتقد أنه توجد حالة حيث يكون المحارب
مخروق الوجه
وميّتا، يظلّ فيها هنا
يستمرّ في القتال
والتقدّم،
لم يمت
يتقدّم نحو الأبدية
ولكن من يريد ذلك
غيري أنا؟
وأنا؟ فليأت من يخرق وجهي
أنا أنتظره.
***
...................................
Je ne crois plus aux mots des poèmes
Antonin ARTAUD
Je ne crois plus aux mots des poèmes,
car ils ne soulèvent rien
et ne font rien.
Autrefois il y avait des poèmes qui envoyaient un guerrier se faire trouer la gueule,
mais la gueule trouée
le guerrier était mort,
et que lui restait-il de sa gloire à lui ?
Je veux dire de son transport ?
Rien.
Il était mort,
cela servait à éduquer dans les classes les cons et les fils de cons qui viendraient après lui et sont allés à de nouvelles guerres
atomiquement réglementées,
je crois qu’il y a un état où le guerrier
la gueule trouée
et mort, reste là
il continue à se battre
et à avancer,
il n’est pas mort,
il avance pour l’éternité.
Mais qui en voudrait
sauf moi ?
Et moi, qu’il vienne celui qui me trouera la gueule
je l’attends.
***
Antonin ARTAUD
............................
Antonin Artaud, né Antoine Marie Joseph Paul Artaud, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 4 septembre 1896 et mort à Ivry-sur-Seine le 4 mars 1948, est un poète, acteur et théoricien du théâtre français.
Inventeur du concept du « théâtre de la cruauté » dans « Le Théâtre et son Double », Artaud aura tenté de transformer de fond en comble la littérature, le théâtre et le cinéma. Par la poésie, la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités a été un outil entre ses mains, « un moyen pour atteindre un peu de la réalité qui le fuit ». Il combattra par de constantes injections de médications les maux de tête chroniques qui le taraudent depuis son adolescence. Cette omniprésence de la douleur influera sur ses relations comme sur sa création. Il sera interné en asile pendant près de neuf ans, subissant de fréquentes séries d’électrochocs.
L’esthétique d’Artaud se construit constamment en rapport au surréalisme, d’abord en s’en inspirant, puis en le rejetant (notamment sous la forme que lui donne André Breton).